La cabane Marret

Il existe un lieu à DDU, sur l'Ile aux Pétrels, qui est plus que les autres chargé d'histoire, d'aventure et sans doute aussi d'émotions : la cabane Marret. 

Février 2015, vue extérieur de la cabane Marret. 

Marais ? Marée ? La première fois que j'en ai entendu parler, début 2015, je n'ai pas compris. Les hivernants sortants de la TA 64 en parlaient sur le ton de la confidence et du respect. Pas tout de suite accessible pour un nouvel arrivant comme moi, un "campagnard" (= ceux qui ne sont là QUE pour une campagne d'été). 

Mario Marret était un des pionniers des expéditions polaires françaises. Mario Marret était aussi bien plus que cela, un homme d'engagement. Mais c'est une autre histoire, trop longue à détailler ici. Mais n’hésitez pas à lire l'article de Magali sur Bleu Tomate pour en savoir plus.

Février 2015, vue de l'intérieur de la cabane. Des copies de portraits des hivernants de 1952 fait par l'un d'entre eux,
Jean Rivolier, décorent les murs.

En février 2015, je dois à mon ami JB Thiébot, ornitho, de découvrir "Marret". Je l'ai revue ces jours-ci. Je viens même à mon tour d'y servir de "guide" pour Hélène, chef de District de la TA 68 et pour Cécile Pozzo di Borgo, Préfet des TAAF, qui voulaient la voir. En décembre 2015, lors de ma deuxième mission, elle était impossible d'accès, ensevelie sous une congère de neige de plus de 2 m.

Il faut remonter au début de l'année 1952 pour comprendre ce qu'est cette cabane. Les Expéditions Polaires Françaises (EPF) ont récemment établi une base permanente à Port-Martin, un lieu situé en Terre Adélie à 70 km à l'est de l'actuel DDU. La découverte d'une colonie de manchots empereurs près de DDU incite les EPF à y créer, sur l'Ile des Pétrels, une annexe de Port-Martin pour un suivi des empereurs tout au long d'un hivernage. En janvier 1952, alors que l'hivernage se met en place à Port-Martin, 4 hommes sous la responsabilité de Mario Marret et 50 tonnes de matériel sont débarqués sur Pétrels. Ils doivent construire une petite cabane pour leur hivernage à 4. Mais quelques jours plus tard, le bateau revient : Port-Martin a été presque entièrement détruite par un incendie, tout le monde rentre en France. Marret et ses hommes n'en ont aucune envie, ils décident de rester, bientôt rejoints par 3 volontaires supplémentaires. Récupérant à la hâte tout le matériel utile possible sur le bateau, les voilà à 7 pour une cabane (à construire !) prévue pour 4... Sans compter Alfred ! Mais pour comprendre, il faut lire le récit de cet hivernage épique qui sera publié par Mario Marret (7 hommes chez les pingouins).

Janvier 2018, le toit s'est en partie fissuré sous le poids de la neige
et plusieurs cloisons laissent passer de l'humidité dans la cabane.

Le lieu de cette aventure, qui n'a rien à voir avec ce que l'on peut vivre aujourd'hui lors d'une mission Antarctique, ce lieu existe donc toujours. Maintes fois réparé, reconstruit, modifié, il a pourtant beaucoup souffert ces dernières années d'avoir été enseveli sous la neige. Même s'il n'est plus très authentique, il matérialise l'endroit où ces personnalités fortes, ont difficilement vécu ce premier hivernage à DDU et ont fait vivre l'exploration polaire. Il respire l'histoire, il invite au respect, à la réflexion. Mais comment le préserver, faire perdurer ce lieu de mémoire, dans un tel environnement ? La réflexion est lancée, mais le temps presse...

Pierre

Commentaires

  1. Merci pour la visite guidée Pierre ! :)
    en espérant que cette cabane, un si beau lieu, chargé d'histoire puisse être restauré et préservé.

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