L'épreuve de la douche...


Ce matin, nous sommes à 58°Sud, la mer est à 3,5°C, nous avons passé la convergence antarctique, nous sommes dans l'Océan Austral ou Antarctique. 

La mer est moins forte, mais ça n'a pas empêché cette nuit une chaise et 3 sacs de voyage mal attachés de traverser la cabine et de venir s'écraser violemment contre ma bannette (= couchette). Bon, tant mieux, il était 4h du mat, l'heure de prendre mon médoc... J'ai attrapé une sorte de grippe, comme plusieurs d'entre nous à bord. Comme si j'étais puni de ne pas avoir le mal de mer... Avions, aéroports, bateau, de la clim partout... Vivement le grand air antarctique, où les seuls microbes à problème sont ceux qu'on apporte avec soi.

6h30, je me lève et j'engueule la chaise en italien. On est 4 dans la cabine, dont deux italiens bien sympas qui vont à la station franco-italienne de Concordia. Je sais que l'un d'eux, qui a un gros mal de mer, a malgré tout le don d'oublier que ce bateau bouge et qu'il faut attacher tout le mobilier (mobile-ier). L'autre jour il cherchait ses chaussons qui avaient glissé jusqu'à moi (mia scarpa !). 

A la douche ! Ce matin, j'ai décidé de me laver les cheveux. C'est une décision murement réfléchie : la mer est passée sous les 3 m de creux, je devrais m'en tirer. Une douche normale, ça va, mais pour le shampoing il faut les deux mains libres... Je ne m'en sors pas trop mal, juste un gros coup dans l'épaule et un gros paquet de shampoing dans l’œil. Je tire le rideau, et là : autant d'eau dans la douche que dans le reste de la salle de bain... Evacuation bouchée + mouvements du bateau = débordement. J'avais intelligemment posé ma trousse de toilette par terre pour qu'elle ne tombe pas, elle est trempée. Petit déjeuner bien mérité ! 

On devrait cet après midi entrer dans les 60èmes qu'à vrai dire je n'ai jamais entendu mugir. C'est un peu du folklore. A l'approche du continent blanc, la mer en générale est bien moins forte, même si les vents peuvent être violents. La monotonie de ces derniers jours va enfin être rompue. Les conditions de mer et de météo étaient assez constantes et on voyait peu de vie. Nos mouvements également étaient restreints, car l'équipage de la marine nous interdit les accès à l'extérieur sauf un tout petit espace près de la passerelle (sécurité oblige). Avec un peu de chance on verra peut-être les premiers icebergs. L'entrée dans le pack (ces morceaux de banquise cassée plus ou moins denses) est pour demain.

Pierre

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